Bon...Suite du “grand débat” sur la télé
et les média. En fait, je crois avoir été un peu “sec” dans ma première interviention,
et je ne voudrais pas qu’on pense que je mets en cause les culturistes eux-mêmes.
A mon avis, la question comporte trois aspects:
1/ Que ce soit dans la vie courante ou à la télé, le body est une activité “choquante”. Ceux qui fréquentent les salles, a-fortiori ceux qui s’entrainent pour une compétition, ne peuvent pas (ou plus) imaginer une seconde le “choc” que constitue pour un non-initié la somme de travail exigé.
Et aussi les “codes” de comportement, tout à fait évidents pour les habitués, mais parfois très étranges pour les gens de l’extérieur. Exemple (parmi des dizaines): Il m’est arrivé de vouloir faire plaisir à des ami(e)s
et de les emmener voir un concours sur lequel je faisais un reportage. Horreur, malheur: Je n’ai eu droit qu’à des remarques sur “l’odeur” (du tan), le “bruit” (des supporters -
et croyez moi il y en avait de gratiné(es), sur la gestuelle aussi. Celui qui ne comprend pas du premier coup d’oeil le but d’une pose “abdos-cuisses” se demande ce que veut dire cette façon de mettre le pubis en avant
et de se déhancher.
Et, quand, au bout de deux heures de préjuging insupportable, vous devez subir le nième athlète qui attaque un posing mécanique sur le vingtième passage de la musique de “Rocky” de la journée, il y a de quoi craquer.
Imaginez-vous en train d’assister à un match de foot américain ou de cricket sans que personne n’ait pris le temps de vous donner quelques repères! C’est sans doute pareil pour les compétitions: Si elles étaient un peu plus à l’heure (tant que les juges paraderont pour montrer leur blazer bleu pendant plus d’une heure de retard, il n’y aura pas un seul journaliste -qui a peut-être autre chose à “couvrir”- indulgent...), si un chairman avait la politesse de présenter (sans bafouiller) les catégories
et les compétiteurs, ce serait sans doute plus accessible au commun des mortels; mais on a parfois l’impression (sauf quelques Grand Prix que tout le monde connait pour leur professionnalisme) d’assister à la kermesse de la paroisse. (En quinze ans de reportages...épisodiques il est vrai, je n’ai trouvé qu’un seul chairman de talent, s’exprimant correctement, avec des fiches documentées, quelques anecdotes pour faire patienter en cas de retard, etc...
et cela se passait du côté de Toulouse, merci Olivier B.- çà, çà aide à la médiatisation intelligente).
2/ En ce qui concerne un passage “à la télé” proprement dit, il ne faut pas croire que, du jour au lendemain, vous avez une expression libre sur les antennes. En fait, la production d’une émission ne vous invite pas pour vous (désolé), mais pour ce que vous représentez - volontairement ou non-
et surtout pour ce que vous allez pouvoir apporter à ce qu’ils ont décidé. Vous ne venez qu’illustrer un sujet, ou un “angle” déjà choisi, ce qui n’est pas forcément répréhensible, mais, même pour un professionnel ce n’est pas toujours facile de maîtriser son sujet, alors, quand on n’est qu’”invité” sur un plateau...D’où la déception fréquente de certains champions se disant qu’ils allaient “enfin être reconnus
et avoir le temps de parler de leur passion”,
et qui reviennent décus...Or, messieurs, quand on va sur un plateau pour constituer une “équipe de cultos” dans un jeu de connaissances, il est hors de question de croire qu’on vous invite pour autre chose que de jouer les “boeufs” de service,
et l’on s’extasiera si jamais vous avez un peu de culture...Or, je me souviens d’avoir rencontré
et interviewé des culturistes profs de fac, directeurs de société, avocats, médecins,
et pas que profs de gym ou videurs de boite (ce qui d’ailleurs n’a rien de différents, mais que la
télévision va “attendre” de vous).
Alors oui, tant mieux si vous passez à la télé, mais cessez de croire que çà va “changer l’image du body”, car en fait, c’est vous qui êtes “manipulés”, mot pas forcément négatif ni de mauvaise intention, mais c’est la puissance du media qui veut çà. Ou bien, il faut y aller pour la pure “provoc” (dans le genre “je raconte le viol de mes 13 ans ou les effets secondaires de ma cure de Dianabol sur ma libido”),
et là, au moins, c’est clair; mais il faut pouvoir “assurer” une fois l’émission enregistrée...Je me souviens d’une superbe championne française, sympathique, charismatique,
et physiquement esthétique, invitée il y a quelques années sur un plateau d’émission “de société”,
et qui avait répondu pendant des heures à une interview “psychologique”, sans aucun faux-pas. Puis, juste avant de partir, on lui demande de faire un petit posing, comme çà, pour finir l’émission. Elle s’exécute, dans un body en latex noir (tout à fait “ordinaire” en démonstration, mais peut-être choquant pour certains),
et, à la diffusion, ô surprise, c’est avec çà que commence l’émission. Donc, le spectateur ne pouvait rien (encore) savoir de tout son cheminement
et des explications sur le body qu’elle avait données...Résultat spectaculaire sans doute, mais franchement désolant
et presque malhonnête pour la championne en question...
3/ Enfin, (mais peut-être pas en fin), il faudrait peut-être trouver une façon de montrer les athlètes autrement qu’en poses (çà fait des siècles que les hommes de Néanderthal n’ont plus besoin de faire les gros bras pour impressionner leurs congénères:
). Si on cherchait ensemble un moyen de donner à voir les culturistes dans des activités ludiques, de spectacle, ou mieux “chorégraphiées”. Cà nous sortirait un peu des Rambo
et autres Terminator de quartier.
Et merci, au nom des Productions du Renard, à tous les (nombreux) autres qui nous ont fait confiance, en toute simplicité
et avec professionnalisme...