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ENTRETIEN AVEC FREDERIC ANTOINE DELAVIER
Frédéric Antoine DELAVIER est dessinateur, et anatomo-morphologiste. A 33 ans il a publié un ouvrage très remarqué, le "Guide des Mouvements de Musculation - Approche anatomique", aux éditions Vigot-Maloine.
F. A. D. : Traduit en espagnol, en portugais, en italien, en allemand et en japonais, publié dans la plupart des pays du Monde, il est devenu un best-seller, particulièrement au Mexique, en Argentine, au Brésil, et en Europe, en Allemagne, en Italie, en Suisse, en Espagne et au Portugal. Le Japon, l'Angleterre et les USA vont à leur tour les traduire.
J. : Votre livre intéresse les pratiquants, les éducateurs et les professions médicales et paramédicales.
F.A.D. : Je pense avoir bien ciblé mes lecteurs. L'Association des Ecrivains et Journalistes Sportifs m'a décerné le Grand Prix de Pédagogie et de Techniques Sportives, remis par le Ministre de la Jeunesse et des Sports et par Monsieur Jean-Pierre Soisson.
J. : Vous poursuivez vos recherches à l'Institut d'Anatomie à la Faculté de Médecine, rue des Saint-Pères.
F. A. D. : J'ai orienté mon travail vers la musculation et le fitness (la forme physique). Dans mon livre, je me suis efforcé d'atteindre le plus haut niveau graphique auquel il m'était possible d'accéder, et qui n'avait jamais été approché dans ce domaine. J'ai apporté le graphisme et l'art qui s'y attache au fitness et à la musculation. Je souligne que, quand bien même les gens n'auraient pas de culture artistique proprement dite, ils savent intuitivement reconnaître le Beau. Je pense que c'est une des raisons qui les a conduits à acquérir mon livre.
Le propre d'un artiste est de s'intéresser à tout, à l'Univers. J'ai un besoin inné de dessiner. Aussi loin que je remonte dans mon enfance, je me vois avec un crayon à la main.
Comme tous les artistes sans doute leur art est leur moyen fondamental d'expression et ils compensent leurs difficultés à s'exprimer autrement. Je n'ai pas été un élève brillant. Je dessinais sans cesse, m'intéressant peu eu programme des études. En raison de ce comportement j'ai vécu la galère. La question de mon avenir restait entière : comment allais-je survivre sans abandonner ma passion ? Dans le système français de l'Education Nationale, l'enseignement du dessin ne se préoccupe pas de l'épanouissement des talents. Il vise à niveler les élèves, à en faire des petites fourmis robotisées, toutes en principe satisfaites, même si un jour elles se réveillent pour mesurer la médiocrité dans laquelle on les a insérées.
J. : Vous avez cependant fréquenté les établissements d'enseignement d'Etat des arts graphiques.
F.A.D. : J'ai été admis brillamment dans un lycée d'Etat spécialisé. J'en suis sorti assez vite, non en raison de mes mauvais résultats, mais parce que je représentais un mauvais exemple : je m'opposais à la tyrannie des mathématiques sur d'autres matières enseignées sans communication entre elles ni avec le dessin.
A 17 ans, j'ai dû travailler. J'ai obtenu un TUC (Travail d'Utilité Collective) auprès de la Fédération Française des Sports de Glace, et j'ai réalisé des affiches, dont une a été achetée par le Musée National du Sport, une autre figure au Palais des Sports de Bercy, et enfin une est insérée dans le livre "Les Plus Belles Affiches Sportives du Monde".
J. : Vous avez également travaillé dans la publicité.
F. A.D. :La pub est "sympa", elle m'a fait vivre mais au bout de quelques années, on s'en lasse. "Ecoute, Fred. Tu as 26 ans, si tu meurs aujourd'hui, qu'auras-tu laissé derrière toi ? des étiquettes de saucisson, des boîtes de lessive, des palmiers sur fond fuchsiaÖ" Je me suis lancé à corps perdu dans la peinture. A l'aérographe, à "mains levées", je réalisais de grandes peintures plutôt allégoriques. En quatre années, je n'ai pas vendu une seule toile et j'ai mis en danger ma santé avec l'aérographe. J'ai fait appel au R. M. I.
Puis j'ai eu ce que j'appellerais une révélation. Au Jardin du Luxembourg, j'ai rencontré un ami dessinateur qui m'a dit avoir découvert aux Beaux-Arts un professeur qui donnait des cours d'anatomie géniaux, Monsieur Jean-Claude DEBORD. J'avais un profond besoin de comprendre le corps, il me fallait passer par lui pour comprendre l'âme, l'esprit, que j'abordais avec une certaine crainte. J'ai suivi les cours de morphologie aux Beaux-Arts durant quatre années. Je tenais fermement à mettre mes connaissances d'anatomie à profit. Or, je poursuivais d'une façon constante et intense la musculation. Cette activité est une façon de lutter contre la solitude.
J. : Ne pensez-vous pas que les artistes sont de grands solitaires ?
F. A. D. : Tout le monde est solitaire. Quand on est avec les autres, on est parfois avec eux et parfois on est vraiment seul. Je me suis tourné naturellement vers les revues de musculation. J'avais remarqué que dans ce créneau spécifique, il n'y avait pas beaucoup de bons dessinateurs, et j'ai décidé de m'y investir. J'ai écrit des articles de biomécanique sur l'entraînement, illustrés de dessins très finis. Ces recherches ont plu. J'ai alors travaillé pour des revues spécialisées, dont "Le Monde du Muscle".
Encouragé et stimulé, j'ai conçu le projet de réaliser un livre dont le thème essentiel serait "l'approche anatomique de la musculation". J'ai bénéficié à nouveau de l'aide de l'Etat, et vécu d'un C.E.S. dans une association. Parallèlement à mes cours aux Beaux-Arts, je continuais à parfaire ma formation. J'ai étudié l'anatomie comparée auprès du Laboratoire spécialisé du Muséum d'Histoire Naturelle, pendant trois années. En outre, j'ai suivi le cours de dissection de mon ami Monsieur le professeur Dominique BASTIAN à la Faculté de Médecine, rue des Saints-Pères. Ce contact permanent avec la mort me touchait profondément. Cette souffrance m'a démontré que pour toute chose, il y avait un prix à payer.
J. : Quels sont vos projets ?
F.A.D. : Mon livre s'inspire au départ des fiches techniques réalisées pour "Le Monde du Muscle". En réponse à l'attente que je percevais du milieu de la musculation et du fitness, j'ai écrit mon livre sur le concept de mes fiches techniques. C'est-à-dire simples mais précises, avec des textes clairs et lisibles, et un support scientifique.
Je me suis surtout attaché à représenter des écorchés dans les différentes positions d'exécution des mouvements de musculation. Je me suis efforcé de donner au corps en mouvement une approche tridimensionnelle. Cette méthode permet aux étudiants d'apprendre et de comprendre l'anatomie. Je me réjouis de savoir que de nombreux éducateurs sportifs, ainsi que leurs professeurs, utilisent mon livre pour préparer les différents examens relatifs à leur future profession.
J'ai présenté mon projet aux éditions Vigot-Maloine, spécialisées dans les publications médicales, paramédicales et sportives. Après un sondage auprès de la FNAC, GO-SPORT, GIBERT, etc, j'ai obtenu le "feu vert". J'ai étudié, rédigé, dessiné pendant plus de trois ans. Sans le soutien de mon amie Anamaria, qui tapait mes textes, me relisait, me corrigeait, et me servait de modèle ainsi que plusieurs de mes camarades, je ne serais pas venu à bout de mon entreprise.
Mon livre est à sa troisième édition en à peine trois années. J'y apporte à chaque fois un petit plus. Sans vanité aucune, je souligne qu'il est très rare, sinon exceptionnel, qu'un auteur français dans ce domaine soit reconnu dans le monde tant cette spécialité est dominée par les américains et les allemands.
J. : Quels sont vos autres projets, après cette réussite ?
F.A.D. :Je poursuis toujours mes recherches, sur la musculation et l'anatomie, et parallèlement, j'effectue avec mon ami Arnaud FILLEUL, brillant paléontologue ichtyologiste (spécialiste des poissons), des reconstitutions en paléontologie. Ces recherches sont publiées aux U.S.A. et ont fait la couverture de revues très spécialisées.
Intéressé par l'anatomie comparée, j'ai aussi collaboré à la revue "Cheval Magazine" pour laquelle j'ai réalisé un écorché de cheval qui a fait l'objet d'un poster.
Le dessin est universel, il vous conduit à toutes les formes d'expression. Pour préciser ma pensée, je voudrais un jour sur une simple nappe en papier dessiner d'instinct, mais juste. Dessiner un corps, des bras, des jambes, sans me poser de questions, naturellement, et spontanément. Mais est-il possible d'y parvenir ? Je n'en duis pas persuadé, c'est la raison qui m'a conduit à étudier l'anatomieÖ
J. : Avez-vous un livre en projet ?
F.A.D. : J'en ai plusieurs. Je prépare depuis quelques années un livre d'entraînement destiné et consacré à la femme, portant sur la musculation de la femme et basé sur l'anatomie du corps féminin. Il sera prêt à la fin de cette année. Je m'attelle à l'élaboration d'un ouvrage d'anatomie artistique, dans lequel je m'inspirerai des úuvres d'art statutaire ou pictural, modernes ou anciennes. Il faut que le lecteur puisse l'avoir à sa portée, comme outil, pour apprendre le nom des différents muscles et comprendre le fonctionnement du corps humain et ses formes. Enfin, je poursuis un troisième projet, un livre destiné plus particulièrement aux professions médicales et paramédicales, aux différentes spécialités du monde sportif et aux étudiants.
J. : Quel message donneriez-vous à nos lecteurs sur la base de votre déjà longue expérience ?
F.A.D. : "NE JAMAIS DESESPERER". Ne pas suivre obligatoirement les voies tracées. Enfin je dirai qu'il faut accomplir ce pourquoi on est fait et se méfier de ceux qui vous dictent votre chemin. Les conseillers ne sont pas, loin s'en faut, les payeurs.
Je pense que les "Grandes Ecoles" sont destinées, particulièrement dans notre pays, à une classe privilégiée, qui maîtrise l'information.
J. : On serait tenté de dire que vous êtes atypique, sinon inclassable.
F.A.D. :On peut me classer parmi les atypiques. Pourtant je crois profondément que je suis "Monsieur Tout le Monde". Je suis intimement convaincu que nous sommes tous à l'identique, je crée pour moi qui ne suis pas différent de mon prochain. Homme commun, je crois en l'universalité de l'homme. Pénétré par cette conviction, je m'efforce de percevoir les aspirations d'autruiÖ Je n'essaie pas de faire "différent" pour me distinguer. J'essaie de faire beau. Car tous les hommes, fussent-ils les plus incultes ou les plus frustes, perçoivent le Beau.
propos recuielli par Leila F.
Alors que je le comparais à léonard de Vinci, Frédéric delavier me dit ceci: " je ne suis pas meilleur que lui, je suis aussi bien !" ( et il a raison)